* Grand'messe LREM à Lyon, "capitale de la macronie" * Castaner seul candidat pour diriger le parti présidentiel * La République en marche accusée de vacuité et d'autoritarisme * Le maintien de Castaner au gouvernement en question par Elizabeth Pineau PARIS, 16 novembre (Reuters) - Dix-huit mois après sa naissance, la République en marche (LREM) réunit samedi à Lyon (Rhône) son premier conseil national appelé à entériner la nomination, décidée à l'Elysée, de Christophe Castaner au poste de délégué général du parti présidentiel. Chef de la majorité bien que non adhérent au mouvement, le Premier ministre Edouard Philippe s'adressera aux 800 membres du "Parlement" de LREM composé d'élus, de parlementaires, de référents et d'adhérents tirés au sort à hauteur de 25%. Le président du MoDem, François Bayrou, les ministres issus de la droite Bruno Le Maire et Sébastien Lecornu sont attendus à cette grand'messe du mouvement présidentiel, machine à gagner désormais censée se déployer indépendamment de son fondateur Emmanuel Macron, sur fond de recomposition du paysage politique. Après un vote à main levée dont le résultat ne fait aucun doute, Christophe Castaner prononcera son premier discours de patron du premier parti de France, fort de plus de 368.000 adhérents revendiqués, et majoritaire au Parlement. Dans sa profession de foi, l'ancien socialiste devenu porte-parole du gouvernement s'est engagé à "réinventer" le parti d'Emmanuel Macron, que ses détracteurs décrivent comme une coquille vide à l'organisation verticale et aux méthodes volontiers autoritaires. Un défaut de démocratie dénoncé dans une tribune signée par une centaine d'adhérents qui devraient officialiser vendredi leur choix de quitter La République en marche. "COQUILLE VIDE" L'opposition de droite attaque elle aussi un mouvement décrit à Reuters par le député Les Républicains Damien Abad comme "caporalisé, aux ordres et déconnecté des réalités de terrain. Un parti qui n'a pas la culture parlementaire, qui n'aime pas le débat parlementaire et refuse les échanges." Disparate, hyperconnectée, obsédée par l'idée de ne pas imiter les "vieux paris", LREM "n'est pas une coquille vide mais un parti créé pour des campagnes présidentielle et législatives", se défend le député LREM Laurent Saint-Martin. "Après l'euphorie de la victoire, il est normal qu'il y ait un peu de blues", a-t-il dit à Reuters. "Beaucoup de cadres sont partis à l'Assemblée nationale ou dans les ministères, il faut donc recomposer pour avoir un parti qui soutienne le pouvoir. Il faut relancer la machine". Le choix de Lyon, ville du ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, est "logique" pour l'entrepreneur Bruno Bonnell, ancien référent En marche du Rhône élu député LREM de Villeurbanne. "Lyon est le laboratoire de la macronie, on a l'habitude depuis longtemps dans cette agglomération de travailler avec droite et gauche, avec public et privé", a-t-il dit à Reuters. Outre l'élection de Christophe Castaner, le conseil national doit adopter une charte des valeurs revue cet automne et choisir un bureau exécutif parmi quatre listes de 20 noms. Même si un débat entre les candidats au bureau est organisé ce jeudi soir au siège de LREM à Paris, la victoire de la liste "EnMarche#AvecCasta", où figurent les présidents de groupe des deux chambres François Patriat et Richard Ferrand, est acquise. Le choix, piloté à l'Elysée, du porte-parole du gouvernement pour diriger le parti a suscité l'ironie de l'opposition, qui combat aujourd'hui l'idée de maintenir Christophe Castaner dans ses fonctions de secrétaire d'Etat des Relations avec le Parlement. DOUBLE CASQUETTE POUR CASTANER ? Cette double casquette serait "un scandale absolu" pour Damien Abad. "C'est juste impossible d'un point de vue éthique, moral, comme politique", dit-il. "Quand demain les députés de LREM lui poseront une question, ils s'adresseront au ministre ou au chef de parti ?" Alexis Corbière, député La France insoumise, considère qu'"une seule personne qui fait beaucoup de choses, ça veut dire que le noyau de confiance est assez réduit, et ce n'est pas symptomatique d'une grande progression". Mais du côté de LREM, on ne voit pas le problème. "Personne ne lui a fait le reproche qu'il avait un militantisme affiché, qu'il était partisan, qu'il n'était pas loyal dans sa manière d'organiser le temps parlementaire", souligne la députée LREM Aurore Bergé. Lors de ce qui aura sans doute été son dernier compte rendu de conseil des ministres, Christophe Castaner n'a pas exclu mercredi de rester dans l'équipe d'Edouard Philippe. "Il m'est arrivé comme porte-parole du gouvernement de pouvoir mettre des petits coups de griffe à tel ou tel représentant de telle ou telle structure politique", a-t-il dit. "Ne négligez pas cela, il ne faut pas penser qu'être ministre serait être désincarné." L'exécutif tranchera après le conseil national de LREM, rappelle l'entourage d'Emmanuel Macron. Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l'Ifop, relativise un débat "qui intéresse peu les Français". Pour eux, "En Marche est une page blanche, qui évite pour l'instant l'image négative des partis", a-t-il dit à Reuters. "Le choix de Castaner est stratégiquement pertinent parce qu'il a une sensibilité de gauche", ajoute le politologue, pour qui l'enjeu est désormais de "gérer le faux-plat et d'arriver à se distinguer du gouvernement". Voir aussi : PORTRAIT-Castaner, soutien-clé de Macron issu du PS, dirigera LREM (Avec Ingrid Melander, Jean-Baptiste Vey et Catherine Lagrange à Lyon, édité par Sophie Louet)
France-Un conseil national et un chef pour relancer la machine LREM
information fournie par Reuters 16/11/2017 à 15:01
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